The United Nations Office for Project Services (UNOPS)
Quand le Népal a tremblé
Il y a quatre ans, deux puissants séismes ont détruit de nombreuses vies au Népal. L’UNOPS travaille avec ses partenaires pour aider des milliers de femmes et d’hommes à reconstruire leur logement et à retrouver des moyens de subsistance, pour se bâtir un avenir meilleur et plus sûr.
La ville de Katmandou se situe dans l’une des régions sismiques les plus dangereuses au monde, à la frontière entre les plaques tectoniques indienne et eurasienne. Ces deux plaques sont entrées en collision il y a 40 à 50 millions d’années, formant ainsi la chaîne de montagnes dentelées de l’Himalaya. Le 25 avril 2015, une rupture le long de la faille a causé un tremblement de terre de magnitude 7,6 dont les secousses ont été ressenties jusqu’à 70 km autour de la capitale népalaise.
Moins d’un mois plus tard, le 12 mai, un tremblement de terre de magnitude 7,3 suivi d’une série de répliques a de nouveau frappé la région. Survenu près de la frontière avec la Chine, le séisme a déclenché plusieurs avalanches sur le mont Everest et dans la vallée de Langtang, rasant des quartiers et des villages entiers dans la vallée de Katmandou.
Ces évènements catastrophiques ont eu des conséquences dévastatrices pour la population, touchant plus de 5,6 millions de femmes, d’hommes et d’enfants, et forçant 2,8 millions de personnes à quitter leur foyer.
Les tremblements de terre survenus au Népal ont coûté la vie à près de 9000 personnes, blessé plus de 22 000 autres, et endommagé ou détruit plus de 750 000 logements.
Photographie
- ©UNOPS/John Rae
Des vies bouleversées
Deepshika Dahal, une Népalaise de 45 ans, se remémore le jour du premier tremblement de terre. Elle se trouvait avec ses amis au pied d’une colline, vêtue de ses plus beaux habits pour se rendre à un mariage. C’était quelques minutes avant que le sol de Likhu, la municipalité rurale où elle vivait, ne commence à trembler. Une fois la poussière et la fumée qui troublaient leur vision retombées, Deepshika et ses amis se sont précipités chez eux.
« Quand je suis arrivée chez moi, j’ai vu de grandes fissures dans les murs de ma maison. La maison n’était pas entièrement détruite, mais les murs étaient fissurés de partout, et c’était trop dangereux pour nous d'y rester », explique-t-elle.
N’ayant nulle part où aller, Deepshika s’est installée dans un champ voisin avec son mari et leurs deux enfants. Cette solution provisoire est devenue durable, et la famille a vécu pendant deux ans dans ce champ, sous un abri de fortune fait d’une bâche et de piquets.
Dans la municipalité voisine de Bidur, en ce même jour d’avril, Bhuwan Raj travaillait dans le service des urgences d’un hôpital local. Lorsque le tremblement de terre est survenu, ses collègues et lui sont sortis de l’hôpital en courant et ont vu les bâtiments trembler autour d’eux. Les répliques sismiques se sont poursuivies pendant près d’une demi-heure après la première secousse. Bhuwan et les autres travailleurs de l’hôpital ont dû attendre que les répliques cessent avant de pouvoir s’occuper des patients.
« La majeure partie de notre matériel médical était enseveli, car le séisme avait transformé l’hôpital en un tas de décombres. Nous avons cependant essayé de traiter les nouveaux patients avec ce que nous réussissions à trouver, et préparé des trousses de premiers secours », se souvient Bhuwan.
Quand il a pu rentrer chez lui quelques heures plus tard, Bhuwan a retrouvé sa maison en ruines. Heureusement, sa famille était saine et sauve. Comme Deepshika, Bhuwan et sa famille se sont installés dans un champ, et ont utilisé les matériaux disponibles pour construire des abris de fortune.
« Toute la population était aussi démunie que nous, et [nous] n’avions pas d’autre choix que d’aller vivre ailleurs », explique-t-il. « C’était triste de voir tout le monde vivre dans de telles conditions. »
Retrouver une vie normale et se construire un avenir
Parallèlement aux activités financées par le ministère britannique du Développement international et l’Agence des États-Unis pour le développement international, le gouvernement de l’Inde s’est associé à l’UNOPS pour aider des milliers de survivants au séisme, comme Deepshika et Bhuwan, à retrouver une vie normale. Le projet adopte une approche où les propriétaires sont responsables de la reconstruction de leur logement : ils sont sensibilisés aux risques liés aux séismes et comprennent mieux le fonctionnement des constructions parasismiques. Le projet a également permis l’acquisition des compétences techniques nécessaires à une rénovation qui répond aux normes gouvernementales, afin que les populations bénéficiaires reconstruisent des logements sûrs tout en ayant droit à des subventions pour les travaux.
Différents programmes de sensibilisation communautaire ont été menés, notamment du théâtre de rue véhiculant des messages sur la construction de bâtiments sûrs, les processus de demande de subventions pour la reconstruction et la coopération entre partenaires. Un programme d’ambassadeurs communautaires a également été créé, permettant aux jeunes des communautés de promouvoir le projet dans le district de Nuwakot.
La force des capacités locales
Dans le cadre de ce projet, des ingénieurs et des maçons locaux ont été engagés et formés aux techniques de rénovation. Les communautés ont ainsi pu consolider leurs logements existants à moindre coût, en s’assurant que leur structure est sûre et résistera aux futures secousses et contraintes.
Apsara s’est formée pendant près de trois mois à la mise en place d’armatures pour béton, à la construction de piliers et au plâtrage de murs, des ouvrages qu’elle n’aurait jamais pensé pouvoir réaliser.
« Avant, les femmes du village n’allaient pas travailler, mais la situation est en train de changer », explique Apsara.
« Grâce aux formations en maçonnerie que nous avons suivies, nous nous sentons capables de travailler autre part », continue-t-elle.
Apsara pense que si elle travaille avec son mari, qui est aussi maçon, ils pourront générer plus de revenus pour élever leurs deux jeunes enfants.
Des maisons plus résilientes, un avenir plus sûr
Deepshika, Bhuwan et tous ceux qui bénéficient des projets de reconstruction croient désormais en un avenir meilleur.
« Les travaux de rénovation de ma maison sont presque terminés. Je vais organiser l’espace, aménager la cuisine et le jardin, pour que nous puissions nous alimenter au quotidien, quoi qu’il arrive. Je souhaite que ma communauté soit autosuffisante grâce au renforcement économique », affirme Deepshika.
Dans la municipalité voisine, Bhuwan se sent déjà plus en sécurité grâce à la reconstruction de son logement.
Ce ne sont pas les tremblements de terre qui tuent des gens, mais plutôt les infrastructures que nous construisons », explique-t-il. « Je suis convaincu de la sécurité de mon logement, car je sais qu’il a été construit selon des normes de construction sûres. Je sais que ma maison sera assez solide pour résister à [un] tremblement de terre plus fort. »
Informations sur le projet
Financé par le gouvernement de l’Inde et mis en œuvre par l’UNOPS depuis mars 2018, ce projet de soutien technique et social a pour objet la reconstruction de logements dans le district de Nuwakot, au Népal. Il vise à aider plus de 23 000 personnes résidant dans deux municipalités urbaines et huit municipalités rurales du district de Nuwakot. Jusqu’à présent, 81 femmes et 143 hommes ont suivi des formations pratiques en maçonnerie, ce qui a amélioré les capacités et les perspectives d'emploi au sein des populations locales.
En outre, grâce à des financements du ministère britannique du Développement international, l’UNOPS participe depuis fin 2017 au renforcement parasismique de logements ruraux au Népal. Ces activités consistent à rénover des logements selon des techniques approuvées par le gouvernement, pour offrir aux propriétaires une alternative sûre, rapide et économique aux constructions neuves. Le projet prévoit également de former près de 12 000 maçons et plus de 2200 ingénieurs et techniciens népalais, et d’améliorer leurs capacités grâce au renforcement parasismique de 1000 logements répartis dans 31 districts touchés par les séismes.
Dans les communautés rurales du Népal, malgré le premier versement de la subvention gouvernementale pour la reconstruction, certains ménages isolés ont rencontré des difficultés pour entreprendre la rénovation de leur logement. L’Agence des États-Unis pour le développement international a donc financé un projet pour aider ces communautés vulnérables, afin de ne laisser personne pour compte. Jusqu’à présent, plus de 100 personnes ont reçu un soutien supplémentaire sous forme de kits de matériaux, de formations en construction, de soutien en maçonnerie pour la pose des fondations, et d’une assistance sociale pour guider les propriétaires dans le processus de demande de subventions pour la reconstruction.