The United Nations Office for Project Services (UNOPS)
Favoriser l’inclusion des peuples autochtones aux Philippines
Un programme en faveur de la justice et de la gouvernance financé par l’Union européenne fournit des informations et des services d’assistance juridique à des communautés autochtones des Philippines.
- © UNOPS/Jennilyn Santos
Des obstacles à un avenir meilleur
Les Philippines comptent plus de 17 millions de personnes appartenant à des peuples autochtones, qui représentent 110 groupes ethnolinguistiques. Ces communautés ont tendance à vivre dans des zones géographiquement isolées, où elles ont conservé une grande partie de leur culture traditionnelle et de leurs activités de subsistance. Cependant, à l’image de nombreuses autres communautés autochtones, elles sont régulièrement classées parmi les plus pauvres et les plus défavorisées au monde.
Longtemps victimes de discrimination, elles n’ont pas un accès suffisant aux services sociaux ni aux possibilités économiques et politiques, et font face à des niveaux élevés d’analphabétisme et de chômage. Pour les membres de ces communautés, même l’obtention d’un acte de naissance peut être difficile.
Nos mères et nos grands-mères ont accouché ici, dans les montagnes, loin des villes. Après une naissance, elles devaient s’occuper de leurs enfants. Elles ne pouvaient pas faire le trajet jusqu’en ville pour obtenir un acte de naissance. C’est pourquoi aujourd’hui, beaucoup d’entre nous n’en ont pas. »
- Bae Dalayagan Gloria Penaso, une dirigeante communautaire du peuple Manobo
Bae Dalayagan Gloria Penaso vit à Pianing, un village de montagne. Pour accéder aux services les plus élémentaires, les membres de sa communauté doivent parcourir près de 20 kilomètres jusqu’à la ville la plus proche, Butuan. Autrefois, il fallait marcher pendant quatre longues heures pour atteindre le centre-ville. Aujourd’hui, bien que de nombreuses routes sillonnent les montagnes et que des motos facilitent les déplacements, le coût du transport reste inaccessible pour beaucoup de membres de communautés autochtones.
Sans acte de naissance, les enfants sont davantage exposés à la pauvreté et à l’exclusion. Ils ne peuvent pas accéder à l’enseignement public, ni aux programmes de protection sociale visant à briser le cycle de la pauvreté intergénérationnelle aux Philippines.
Des services juridiques pour les peuples autochtones
Grâce à une subvention d’un programme en faveur de la justice et de la gouvernance financé par l’Union européenne (Governance in Justice – GOJUST), l’Université Père Saturnino Urios fournit des services d’assistance juridique aux communautés Manobo. Des déclarations sous serment ont été notariées afin que les familles puissent obtenir des actes de naissance pour leurs enfants, en vue d’établir leur identité juridique et de les aider à accéder à leurs droits.
« L’accès à la justice est fondamental pour bâtir une société équitable, inclusive, prospère et pacifique. L’Union européenne est un partenaire engagé de la réforme du secteur de la justice aux Philippines depuis 2006. Notre engagement est nourri par l’importance que nous accordons à la démocratie, aux droits humains et à l’état de droit », souligne Christoph Wagner, responsable de la coopération au sein de la délégation de l’Union européenne aux Philippines.
L’équipe de l’université – composée d’étudiantes et étudiants en droit et de membres du corps enseignant – fournit également aux membres des communautés des informations essentielles sur leurs droits et apporte des conseils juridiques aux dirigeantes et dirigeants en vue de la résolution de différends entre des communautés.
« Nous sommes reconnaissants envers l’équipe de l’université, parce qu’à chaque fois qu’elle vient dans notre communauté, elle vient en aide à tout le monde, sans favoriser un groupe en particulier. Grâce à ce soutien, un grand nombre de nos enfants ont pu obtenir un acte de naissance », témoigne Bae Avelyn Makigod, dirigeante d’une autre communauté Manobo.
« Les conseils juridiques fournis par l’équipe de l’université nous ont également permis de concilier le droit courant et notre droit coutumier autochtone dans l’arbitrage des différends », explique-t-elle.
Les deux dirigeantes accordent une grande importance à l’accès à l’éducation pour les enfants du peuple Manobo. Bae Penaso est fière de présenter Joy, une jeune fille de 18 ans qui étudie actuellement le génie minier à l’Université d’État de Caraga. Elle espère que le parcours de Joy est le signe qu’un avenir meilleur s’annonce pour les autres jeunes de sa communauté.
« En partenariat avec l’Union européenne, nous travaillons avec des communautés vulnérables depuis 2016, afin de ne laisser personne pour compte », souligne Joy Jakosalem-Balane, gestionnaire principale du programme GOJUST à l’UNOPS.
À propos du projet
Doté d’une subvention totale de 19 millions d’euros répartie sur une période de quatre ans, le programme GOJUST de l’Union européenne soutient les efforts déployés par le gouvernement philippin pour améliorer l’accès à la justice pour l’ensemble de la population, en vue de contribuer à un développement socio-économique inclusif et durable. Le programme GOJUST travaille avec la Cour suprême des Philippines, le Département de la justice et le Département de l’intérieur ainsi qu’avec les autorités locales pour mettre en place des services de justice plus efficaces et responsables dans le pays.
Depuis le lancement du projet en 2022, environ 2300 femmes, enfants et hommes ont bénéficié de services d’assistance juridique et ont obtenu des renseignements ou une formation sur leurs droits.