Les villes : le cœur de l’innovation et du changement

Il est estimé que d’ici à 2050, jusqu’à 70 pour cent de la population mondiale résidera dans des zones urbaines, ce qui signifie qu’un grand nombre de jeunes d’aujourd’hui s’y installeront au cours des prochaines décennies. 

Les villes ne sont pas seulement le moteur de la croissance économique, elles sont aussi des plateformes essentielles pour relever des défis pressants tels que les changements climatiques et les inégalités sociales persistantes. Compte tenu de l’accélération de l’urbanisation, les villes doivent devenir le cœur de l’innovation et du changement, et les jeunes les leaders de cette révolution cruciale.

En Asie du Sud, plus de 150 millions de personnes vivent dans des quartiers informels, ce qui souligne le besoin urgent d’espaces publics, de logements et de transports sûrs. Au Népal, par exemple, le développement urbain est si rapide que les services de base sont débordés, ce qui menace le bien-être des communautés locales.

Manisha Shrestha a 15 ans et vit à Chandragiri, une commune densément peuplée. Étant donné que les maisons ont été construites très proches les unes des autres sur un terrain vallonné et qu’il n’y a que peu d’espaces ouverts, il est difficile pour la population locale, en particulier pour les femmes et les enfants, de trouver des lieux sûrs où avoir des interactions sociales. Manisha expose certaines des difficultés rencontrées.

« Nous ne nous sentons pas en sécurité dans les espaces publics le soir venu, et ils ne sont pas toujours propres, ce qui ajoute à notre inconfort. Nous voulons des espaces plus propres, qui comptent par exemple davantage de poubelles. »

« Parfois, nous voulons sortir pour acheter quelque chose à boire ou à manger, mais la conception et la construction des espaces publics nous en empêchent. Nous profiterions davantage de ces espaces si nous participions au processus de conception », ajoute Lalitnath Yogi, malvoyante.

Cities 4 Women : vers un paysage urbain résilient et inclusif au Népal

Dans le cadre du projet Cities 4 Women, soutenu par l’Union européenne et l’Agence des États-Unis pour le développement international et mis en œuvre en collaboration avec Cities Alliance, le Programme des Nations Unies pour les établissements humains et l’UNOPS, la participation des jeunes est une priorité depuis le premier jour. Pendant quatre ans, en s’appuyant sur la participation communautaire, cette initiative a aidé six municipalités à relever des défis liés à l’urbanisation rapide et à la vulnérabilité climatique grâce à la création d’espaces publics sûrs, dynamiques et résilients face aux changements climatiques.

« Les jeunes représentent une tranche de la population importante, dynamique et à fort potentiel. Notre priorité actuelle est de leur offrir des possibilités d’emploi dignes de ce nom pour tirer parti de leur potentiel créatif dans le cadre du développement urbain global et pour réaliser les grands objectifs nationaux », déclare Prakash Man Singh, vice-premier ministre et ministre du Développement urbain du Népal.

Grâce à des partenariats avec le programme des Volontaires des Nations Unies, des établissements éducatifs et des organisations axées sur les jeunes, le projet Cities 4 Women a créé des voies permettant à la jeunesse népalaise de se mobiliser, d’apprendre et d’influer de façon concrète sur la vie de leurs communautés.

Plusieurs jeunes spécialistes de la planification urbaine et de la conception d’espaces urbains ont intégré le projet, apportant de nouvelles perspectives dans le cadre de l’analyse de documents de planification, de la collecte de données et de la création d’espaces publics favorisant l’égalité entre les genres ainsi que la résilience face aux changements climatiques. À titre d’exemple, des étudiantes et étudiants ont travaillé avec un atelier de conception d’espaces urbains à Chandragiri pour élaborer selon une approche créative des espaces publics adaptés aux besoins de leur communauté.

« Le rôle des jeunes femmes et des filles est essentiel pour façonner les villes de demain. Dans le cadre de l’initiative Cities 4 Women, leur participation fait progresser l’égalité entre les genres, qui est l’un des piliers de notre travail, et aide à créer des villes plus sûres, plus inclusives et plus résilientes pour tous et toutes », déclare Greg Munro, directeur de Cities Alliance.

La résilience climatique est également intégrée à de nombreuses activités du projet, et des évaluations des vulnérabilités orientent les activités de conception. Des sondages et des applications mobiles aident à recenser les dangers naturels historiques tels que les inondations et les incendies afin qu’ils soient pris en compte dans la conception des espaces publics.

Les espaces publics conçus dans le cadre de l’initiative Cities 4 Women auront de multiples fonctions et serviront notamment de lieux de rencontre sûrs, de centres d’activité économique et d’espaces d’expression sociale. De l’éclairage dans les parcs et les rues aux rampes d’accès et aux revêtements podotactiles, la conception a été pensée afin de rendre les espaces publics sûrs et inclusifs.

Le projet Cities 4 Women est mis en œuvre conjointement par l’UNOPS, le Programme des Nations Unies pour les établissements humains et Cities Alliance. Financé à hauteur de 3,5 millions d’euros par la Commission européenne et de 1 million de dollars par l’Agence des États-Unis pour le développement international, le projet est dirigé par un comité de pilotage dépendant du ministère du Développement urbain du Népal.

Le projet met l’accent sur le développement urbain inclusif et résilient face aux changements climatiques dans six municipalités du Népal : Birendranagar, Chandragiri, Dhanghadi, Lamki Chuha, Sunwal et Tansen. La stratégie globale consiste à soutenir la fédéralisation grâce à des capacités institutionnelles, des ressources humaines et des outils en vue de favoriser une urbanisation transformatrice, résiliente et durable. Pour contribuer à cet objectif, le projet promeut également la prise en compte de questions d’égalité entre les genres, de l’inclusion sociale et de l’appropriation du projet par les communautés locales.