The United Nations Office for Project Services (UNOPS)
Vers l’éradication du paludisme au Laos
Le gouvernement du Laos s’est engagé à éliminer le paludisme d’ici à 2030. Il semble que le pays soit en bon chemin : le nombre de cas a diminué de plus de moitié depuis 2010. Les travailleurs de santé bénévoles des villages isolés et difficiles d’accès jouent un rôle important dans la lutte contre le paludisme dans ce petit pays enclavé.
« La situation a beaucoup changé. Avant, le paludisme était très répandu et il n’y avait pas assez de médicaments. Beaucoup de personnes tombaient malades et un grand nombre d’entre elles mouraient, principalement des enfants », explique Athong Sisouban, un travailleur de santé de Thahin, un village de la province de Champasak.
Sisouban est bénévole depuis 1994. Grâce à ses efforts, le paludisme a largement régressé dans son village.
« Lorsque j’ai commencé, nous dépistions environ 30 personnes par mois. Nous n’en dépistons maintenant plus que cinq par mois ; parfois même seulement deux », ajoute-t-il.
Thahin est un village isolé au cœur de la forêt de Dongkhamthoung, qui ne dispose d’une route d’accès que depuis 2015. Avant la construction de cette route, les fournitures médicales devaient être transportées par bateau et il était extrêmement difficile d’atteindre le centre de santé le plus proche, à plus de 30 kilomètres. L’accès au village est toujours compliqué, car beaucoup d’habitants n’ont pas de véhicule. Le travail de Sisouban reste donc crucial dans la lutte contre les épidémies de paludisme.
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- ©UNOPS/Elise Laker
La raison principale pour laquelle le paludisme a autant régressé est notre capacité à fournir des traitements à temps. Quand une personne a de la fièvre, elle vient me voir directement. »
Tous les travailleurs de santé bénévoles luttant contre le paludisme disposent de tests de diagnostic rapides qui indiquent le résultat en moins de 15 minutes. Ces tests sont faciles à réaliser et signifient qu’un traitement peut être administré immédiatement aux personnes malades.
Les membres du groupe ethnique Pakoh vivent dans les hautes montagnes, près de la frontière avec le Vietnam. Bounyai les sensibilise en matière de santé, envoie certains patients vers des spécialistes, réalise des tests de dépistage et administre des traitements aux 76 habitants du village. Il essaye de rencontrer les 12 familles qui composent la communauté une fois par mois pour s’assurer de leur bon état de santé.
Si quelqu’un est malade, je fais une analyse de sang. Je réalise des analyses de sang tous les mois, et à chaque fois, je dépiste au moins une personne atteinte du paludisme. »
Les visites de Bounyai sont également l’occasion de faire de la prévention.
« Mon rôle en tant que travailleur de la santé luttant contre le paludisme consiste à encourager les villageois à prendre soin de leur santé et de leur cadre de vie. Je les incite aller au centre de santé, à utiliser des moustiquaires et à porter des vêtements à manches longues et des pantalons lorsqu’ils vont en forêt », explique-t-il.
Selon Bounyai, dans sa communauté, ce sont les enfants qui sont les plus touchés par le paludisme.
L’accès au village est compliqué : il se fait uniquement à moto ou à pied, en empruntant un chemin de terre boueux et escarpé. La saison des pluies rend l’accès encore plus difficile ; le trajet jusqu’au centre de santé le plus proche peut être deux fois plus long. C’est aussi à cette époque que le plus de cas de paludisme se déclarent.
Maintenant, ils viennent me voir ou se rendent directement au centre de santé. »
Grâce au travail de Bounyai, sa communauté est plus sensibilisée aux questions de santé et aux moyens de prévention du paludisme. Bounyai explique qu’avant, les habitants sacrifiaient un poulet ou un canard si l’un des leurs était malade.
Le pays compte 1263 centres de santé ainsi que 1570 travailleurs de santé dans les villages, qui sont formés pour dépister et traiter le paludisme dans les communautés difficiles d’accès et éloignées des centres de santé. Les organisations de la société civile locale jouent un rôle important dans la mobilisation des bénévoles.
« Nous sommes proches des populations, notamment dans les zones difficiles d’accès, là où le gouvernement dispose de ressources humaines limitées », affirme Viengakhone Souriyo, directeur de la Lao Positive Health Association.
Cette organisation est l’un des partenaires locaux de mise en œuvre du programme travaillant sur le terrain pour améliorer la prise en charge du paludisme.
« La vie des populations n’a pas changé, mais l’accès à ces communautés isolées a été amélioré. Les populations comprennent désormais quels sont les dangers du paludisme et savent comment mieux s’en protéger. », ajoute-t-il.
Informations sur le projet
La deuxième phase de l’Initiative régionale contre la résistance à l’artémisinine (RAI2E) est un programme régional financé par une subvention s’élevant à 243 millions de dollars, qui a pour but d’accélérer l’élimination du paludisme à plasmodium falciparum entre 2018 et 2020 dans le bassin du Mékong. Le programme RAI2E vise d’une part à élargir la portée des services relatifs au paludisme pour les populations à risque, notamment les populations isolées résidant près des frontières, et d’autre part à favoriser la gestion des cas par des travailleurs de santé, en plus du renforcement des systèmes de surveillance nationaux.
L’UNOPS gère les fonds de ce projet, et fournit des services d’assurance de la qualité, de suivi et d’évaluation. Le programme est financé par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Au Laos, l’UNOPS travaille en partenariat avec le ministère de la Santé, l’Organisation mondiale de la santé, ainsi que des organisations de la société civile, pour soutenir le pays dans ses efforts visant à contrôler et éliminer le paludisme.
L’accès aux régions du Laos citées dans cet article a été rendu possible grâce au soutien du gouvernement du Laos, de l’organisation Lao Positive Health Association et du ministère de la Santé laotien (département de planification et de coopération internationale, département de contrôle des maladies transmissibles, et Centre de paludologie, de parasitologie et d’entomologie)