Le nord du Mozambique est en proie à une insurrection armée. Le déséquilibre économique régional et une marginalisation historique, de même qu’un accès insuffisant aux terres, aux ressources et aux possibilités économiques – en particulier pour les jeunes – ont contribué au conflit. La pauvreté et le chômage généralisé chez les jeunes ont en outre jeté de l’huile sur le feu.

Plus de 680 000 personnes ont été déplacées, tandis qu’environ 1,3 million de personnes dans les zones touchées par le conflit ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Les attaques des groupes rebelles armés ont endommagé les infrastructures et perturbé la prestation de services de base.

Le projet de relèvement à la suite de la crise dans le nord du Mozambique répond à ces besoins humanitaires et de développement urgents.

Financé par l’Association internationale de développement de la Banque mondiale, le projet est mis en œuvre par le ministère de l’Économie et des Finances, sous la direction du gouvernement et avec le soutien de l’UNOPS.

Dans le cadre de ce projet, l’UNOPS travaille avec plusieurs partenaires locaux de mise en œuvre afin d’encourager la cohésion sociale au sein des communautés touchées par le conflit, de faciliter la création de moyens de subsistance durables et de possibilités économiques, ainsi que d’améliorer l’accès aux services publics pour les personnes déplacées et les communautés d’accueil.

En soutien au plan gouvernemental de réponse à la crise, le projet améliore l’accès aux services de base et aux possibilités économiques pour les personnes déplacées et les communautés d’accueil dans des zones prioritaires du nord du Mozambique.

Améliorer l’accès aux services et renforcer les infrastructures publiques

Une fois hors de danger, les personnes qui ont fui les attaques rebelles à Cabo Delgado ont été confrontées à un autre obstacle : l’incapacité de prouver leur identité.

Dans la plupart des endroits, les documents d’identité sont essentiels pour accéder aux services publics, pour recevoir de l’aide et pour obtenir un emploi. Sans ces documents, ces choses deviennent souvent presque impossibles.

Afin de fournir des services sociaux aux foyers vulnérables, le projet facilite l’enregistrement des personnes déplacées et leur fournit des papiers d’identité.

Catarina José Paulo et sa famille vivent dans un centre de réinstallation à Metuge. Le conflit les a forcés à fuir Muidumbe et ils ont perdu tous leurs documents d’identité, ce qui les a empêchés d’accéder à de nombreux services publics.

« Les responsables communautaires ont mené une campagne de porte-à-porte pour trouver les personnes qui n’avaient pas de papiers d’identité et les informer des procédures d’enregistrement à l’état civil. Nous avons pu procéder à l’enregistrement des enfants et, plus tard, obtenir des cartes d’identité pour mon mari, ma grand-mère et moi-même », explique Catarina.

En collaboration avec le service provincial d’identification civile, plus de 100 000 personnes à Cabo Delgado ont pu être enregistrées, et elles sont maintenant en mesure d’accéder aux services publics et de reprendre le cours de leur vie.

Des infrastructures publiques telles que des écoles et des centres de santé sont également construites ou rénovées, et ensuite équipées.

Soutenir la cohésion sociale et favoriser la paix

Maiassa Nazaro est née à Quissanga, et elle vit maintenant à Saúl, dans le district de Metuge. Elle explique que le conflit à Cabo Delgado a détruit ses rêves pour l’avenir.

« Nous avons entendu des rumeurs concernant des attaques dans des endroits proches d’ici. Pendant les cinq premiers jours, nous n’y avons pas prêté beaucoup d’attention, jusqu’à ce que les rebelles envahissent notre communauté et brûlent tous nos foyers. Ma famille et moi avons fui dans la brousse où nous sommes restés quelques jours », explique Maiassa.

Le conflit a contraint Maiassa et sa famille à déménager à Saúl, où ils sont restés dans un camp de personnes déplacées. Les premiers jours ont été difficiles. 

« Nous avons dû nous adapter et vivre avec des gens que nous ne connaissions pas », précise Maiassa. « La communauté hôte nous a accueillis et a aidé ma famille et d’autres personnes dans la même situation que nous à se remettre sur pied. »

Sous la direction d’un partenaire local de mise en œuvre, 17 comités de consolidation de la paix ont été créés au sein des communautés de Cabo Delgado, afin de renforcer la résilience aux conflits. Les comités de 20 membres comprennent des personnes appartenant à la communauté d’accueil, des personnes déplacées, des femmes, des jeunes et des membres de groupes vulnérables.

Les comités offrent aux membres de la communauté, aux responsables communautaires, aux responsables du gouvernement ainsi qu’aux parties prenantes d’organisations privées et non gouvernementales un forum pour discuter de façons de promouvoir la paix et la cohésion sociale par l’entremise de différentes activités, par exemple des événements sportifs, des conférences publiques et des dialogues communautaires. Les comités contribuent également à identifier et à résoudre les conflits communautaires. 

« Je veux que mes enfants grandissent dans une communauté où tout le monde s’entraide », explique Albertina Julião, membre du comité de consolidation de la paix de Naminawe. « Le comité est un pilier de la communauté. Il a organisé des activités de sensibilisation et des débats afin de transmettre des messages positifs localement. »

Créer des possibilités économiques et soutenir les moyens de subsistance

Aux quatre coins de Cabo Delgado, le projet soutient la création d’emplois et d’initiatives de renforcement des compétences professionnelles, en particulier pour les jeunes et les personnes déplacées.

Dans le village de Saúl, dans le district de Metuge, des formations ont été organisées et des outils ont été fournis afin de favoriser le travail indépendant et la création d’entreprises.

Launa Joaquim est membre d’une association de production et de transformation de miel. Il a participé à un concours portant sur l’élaboration de plans de développement organisationnel lancé par un partenaire local de mise en œuvre, et il a reçu des outils pour améliorer ses pratiques de travail indépendant.

Dans le cadre de la compétition, les participantes et participants ont eu l’occasion de mettre en valeur leurs compétences en planification ainsi que leurs idées novatrices. L’organisme responsable du concours a également offert à l’association une formation sur des façons d’améliorer son travail.

À Saúl, les membres de la communauté avaient de la difficulté à acheter des produits essentiels, alors l’association de Launa a suggéré d’ouvrir une petite boutique pour vendre de tels produits. Cela réduirait le temps de déplacement des membres de la communauté pour acheter des biens, et l’association pourrait utiliser les bénéfices de la boutique pour développer ses activités.

Dans les districts de Chiúre, Montepuez et Namuno, des pisciculteurs et piscicultrices ainsi que des associations locales ont reçu du matériel et des kits qui seront utilisés pour créer des fermes piscicoles et augmenter la production locale de poisson.

En partenariat avec l’institut de formation et d’études professionnelles Alberto Cassimo, l’institut national de l’emploi et un partenaire local de mise en œuvre, des formations professionnelles dans des domaines tels que l’agriculture, la couture, la menuiserie et les arts culinaires ont été suivies par près de 700 personnes dans les districts de Balama, Montepuez et Namuno. Les personnes qui complètent les cours de formation reçoivent également des outils pour améliorer leurs pratiques de travail indépendant et les aider dans la création de leur propre entreprise, améliorant ainsi leurs possibilités de subsistance.

Anifa Alfane Carimo vit dans le district de Metuge. « J’ai toujours aimé jouer avec des poupées et leur confectionner des vêtements avec des feuilles de manguier et d’autres plantes. J’ai appris par l’intermédiaire de l’équipe de l’ADPP [ADPP Mozambique, un partenaire local de mise en œuvre] que l’inscription était en cours pour une formation sur la couture. Je me suis rappelé mes souvenirs d’enfance et je suis allé m’inscrire au cours pour apprendre les techniques de couture », explique Anifa.

« Aujourd’hui, je connais certaines techniques de couture et je sais choisir quel type de tissu utiliser pour la production de différents articles. Ce cours va m’aider à mettre sur pied ma propre boutique de tailleur et à enseigner à d’autres filles de ma communauté », ajoute Anifa.

Principaux résultats du projet

À propos du projet

Le projet de relèvement à la suite de la crise dans le nord du Mozambique est un projet du gouvernement mozambicain, mis en œuvre par l’UNOPS en coordination avec des partenaires locaux grâce à un financement de 200 millions de dollars de l’Association internationale de développement de la Banque mondiale. Le projet est axé sur le renforcement de la cohésion sociale et de la résilience face aux conflits, la création de moyens de subsistance et de possibilités économiques pour les personnes déplacées et les membres des communautés d’accueil, ainsi que la réhabilitation, la construction et l’équipement d’infrastructures publiques résilientes face aux changements climatiques. 

Le projet est mis en œuvre dans 13 districts de la province de Cabo Delgado : Ancuabe, Balama, Chiure, Macomia, Mecufi, Meluco, Metuge, Mocimboa da Praia, Montepuez, Muidumbe, Namuno, Palma et Quissanga.