The United Nations Office for Project Services (UNOPS)
L’ingénierie, moteur du renforcement des capacités locales
Le développement rapide observé au cours des dernières années en Afrique souligne l’importance de construire des infrastructures durables répondant aux besoins actuels et futurs dans la région. Pour ce faire, il importe de recruter davantage d’ingénieurs localement afin qu’ils mettent leurs compétences à profit dans le contexte régional.
- Tous les projets d’infrastructures présentés dans cet article ont été mis en œuvre par l’UNOPS pour le compte de ses partenaires.
Partout en Afrique, d’importants projets d’infrastructures – prévoyant notamment la construction d’écoles, d’hôpitaux, de ponts ou de routes – ont permis d’améliorer à court terme l’accès à des services essentiels et la qualité de vie de millions de personnes.
Toutefois, les besoins et les bénéfices à long terme des projets de grande envergure ne sont pas toujours pris en compte. En conséquence, les communautés n’exploitent souvent pas le plein potentiel des installations nouvellement construites. Par exemple, les infrastructures nécessitent d’être entretenues régulièrement, ce qui signifie qu’une expertise et des compétences locales seront requises longtemps après la fin des travaux et le départ de l’équipe de projet. Soutenir et renforcer les capacités locales est donc essentiel pour assurer la durabilité des infrastructures et pour maximiser les bénéfices sociaux et économiques des projets pour les communautés.
Voici les histoires des quelques personnes de talent qui ont fait de leurs compétences en ingénierie le moteur du renforcement des capacités locales. Qu’il s’agisse de rénover des centres de santé dans des régions isolées du Kenya ou de renforcer les institutions judiciaires en Tunisie, ces spécialistes font appel à leur expertise afin de répondre aux besoins uniques de leurs communautés, tout en améliorant par le fait même les possibilités économiques et sociales de la population locale.
« En améliorant l’accès aux services de santé maternelle, à ma manière, je contribue à sauver la vie de mères. » – Imelda Malingu Osodo
Le travail d’Imelda à l’hôpital central de Lodwar contribue à l’amélioration des soins de santé maternelle au Kenya. Mais qu’est-ce qu’un hôpital central ? Aussi appelé « hôpital de recours », ce type d’hôpital offre des soins médicaux plus spécialisés.
Imelda Malingu Osodo
Le Kenya a l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde. Selon les données de la Banque mondiale, près de 510 femmes décèdent des suites d’une grossesse ou d’un accouchement par 100 000 naissances vivantes.
Dans le comté de Turkana, par exemple, accéder à des soins de santé en cas de complications lors d’un accouchement peut s’avérer un défi de taille.
« Des mères ont perdu leurs bébés, et d’autres sont décédées à la suite d’hémorragies après avoir donné naissance », explique Imelda Malingu Osodo.
Imelda était ingénieure de chantier dans le cadre du projet de rénovation de l’hôpital central de Lodwar, où se rendent les femmes enceintes afin de recevoir des soins de qualité, souvent après avoir voyagé sur de longues distances.
Aujourd’hui, l’hôpital de Lodwar demeure le seul hôpital central du comté de Turkana, mais il est maintenant entièrement équipé pour prodiguer des soins maternels et pour procéder à des césariennes, à des accouchements prématurés et pour gérer tout type de complication.
Komakech Jakson Cirino
Komakech Jackson Cirino travaille sur un projet financé par l’Union européenne au Soudan du Sud visant à construire des routes pour relier les agriculteurs aux marchés et améliorer la sécurité alimentaire dans la grande région de Bahr el-Ghazal.
« Le fait de construire des infrastructures change la vie des gens », explique l’ingénieur originaire de Magwi.
En travaillant sur des chantiers, j’ai pu voir comment une meilleure connectivité aide les agriculteurs à accéder aux marchés, à obtenir des services de santé et à obtenir les services d’organisations non gouvernementales. »
Plus de 150 kilomètres de routes d’accès sont actuellement construits dans quatre régions rurales du pays, reliant plusieurs petits villages à des villes et des marchés à proximité.
« Quand les gens s’aperçoivent que vous êtes ingénieur et aussi un des leurs, ils apprennent à vous connaître et apprécient le travail que vous avez accompli. Ça les aide également à apprécier l’importance de placer leurs enfants à l’école, afin qu’ils deviennent peut-être eux aussi des ingénieurs un jour. »
« Venir travailler à l’UNOPS a été pour moi une expérience révélatrice. Nous améliorons la qualité de vie des gens et nous sommes en mesure d’agir rapidement, ce qui s’avère très important en situation d’urgence. » – Trudy Morgan
Les pluies torrentielles et les coulées de boue qui ont ravagé Freetown, la capitale de la Sierra Leone, ont fait des milliers de victimes.
Trudy Morgan
Le 14 août 2017, après plusieurs jours de pluie torrentielle en Sierra Leone, une importante coulée de boue est descendue de la montagne Sugarloaf, ensevelissant sur son passage une partie de la ville de Regent, en banlieue de Freetown, la capitale. Le glissement de terrain a dévasté la ville, et plus de 1100 personnes ont été tuées ou portées disparues.
Trudy Morgan, qui possède la double nationalité britannique et sierra-léonaise, a travaillé en tant que coordonnatrice technique dans le cadre d’un projet mis en œuvre par l’UNOPS afin de protéger les vies humaines des risques que présentent les glissements de terrain.
Le projet a employé une main-d’œuvre locale afin de favoriser l’appropriation et la participation communautaires, en plus d’adopter une politique d’égalité entre les sexes. Ainsi, 25 femmes occupant des postes tels que surveillante de chantier ou ouvrière ont travaillé aux côtés de leurs homologues masculins.
« C’est la première fois que je travaille sur un projet de construction qui emploie un nombre si élevé de femmes », affirme Trudy.
Dhouha Ali Ep Hamroun
Dhouha Ali Ep Hamroun est ingénieure civile et travaille actuellement sur un projet de réhabilitation de prisons et de tribunaux en Tunisie, soutenant les efforts du pays pour réformer son système judiciaire.
Plusieurs établissements pénitentiaires et tribunaux ont été endommagés en 2011, et ce projet vise à permettre aux institutions judiciaires de disposer de bâtiments qui respectent les droits humains et les normes internationales.
« Mon rôle est de transformer les besoins de nos partenaires en termes de bâtiment, d’équipement et de niveau de sécurité en une conception architecturale et technique conforme aux normes internationales et offrant le meilleur rapport qualité-prix possible », explique Dhouha.
J’aime laisser ma marque dans le cadre de projets d’infrastructures qui améliorent la qualité de vie de tous. »
Ahmed*
Ahmed est ingénieur principal de projet en Somalie. Il supervise la construction et la réhabilitation de deux bâtiments à Mogadiscio, l’un pour le ministère de la Santé, et l’autre pour le ministère des Finances.
Le travail d’Ahmed consiste à contribuer au renforcement des capacités du ministère des Finances et à s’assurer que le ministère de la Santé est en mesure de fournir des services de qualité à la population.
« Je suis conscient des effets positifs des projets que je supervise en Somalie, souligne Ahmed. Les bénéfices de projets comme ceux-ci vont bien au-delà des simples bâtiments. »
« Près de 200 Somaliens ont été employés sur les chantiers de construction, y compris de jeunes diplômés à la recherche d’expérience pratique », précise-t-il, soulignant l’importance de développer l’expertise et les compétences locales.
*Pour des raisons de sécurité, le nom et le visage d’Ahmed ne sont pas dévoilés.