The United Nations Office for Project Services (UNOPS)

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De nouvelles infrastructures de qualité au Kosovo* aident à rapprocher les communautés des Balkans occidentaux, favorisant le développement économique, la coopération, la paix et la stabilité dans la région.

Un grand nombre d’entre nous ont la chance de pouvoir traverser en voiture les frontières séparant deux pays ou territoires de manière relativement aisée et sûre. Cependant, jusqu’à récemment, traverser la frontière entre le Kosovo et la Serbie était souvent long et laborieux pour les automobilistes et leurs passagers. 

« Nous devions faire des kilomètres de queue et attendre parfois de huit à dix heures sous une chaleur atteignant 40 °C », raconte Bernd Thran, un citoyen allemand, responsable par intérim de la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX). 

« C’était un fléau pour les personnes souhaitant rendre visite à leurs proches… Faire la queue si longtemps, avec des bébés qui pleurent, qui souffrent… Être témoin de ces situations inhumaines est vraiment bouleversant », affirme-t-il. 

Cette situation se produisait bien trop souvent au cours des périodes achalandées, lors desquelles des milliers de Kosovars vivant à l’étranger rentraient dans les Balkans occidentaux pour rendre visite à leurs proches. La principale cause de ces difficultés était facile à identifier : un manque d’infrastructures modernes pour faciliter le passage des biens et des personnes entre les juridictions. 

Les voyageurs devaient attendre dans une file unique de voitures, avant d’arriver à un bâtiment administratif provisoire ou en piteux état pour être contrôlés puis autorisés à traverser. Cela pouvait allonger leur voyage de plusieurs heures et les contraignait souvent à patienter dans des conditions insoutenables, notamment sous la chaleur étouffante de l’été kosovar. Il fallait faire quelque chose. 

  • * Toutes les références au Kosovo doivent être entendues dans le plein respect de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies.
Crossing points

Une amélioration significative

Une amélioration significative

En mai 2019, l’UNOPS a officiellement livré le point de passage de Merdarë aux autorités kosovares. Sa construction fait partie d’un projet de quatre ans, financé par l’Union européenne à hauteur de 11 millions d’euros, visant à encourager le développement économique, la coopération, la paix et la stabilité au Kosovo et dans la région. 

Le point de passage de Merdarë se situe à 35 kilomètres au nord de Pristina, région voisine du district de Toplica, dans le sud de la Serbie. Il s’agit du plus grand des deux points de passage ultramodernes construits jusqu’à présent dans le cadre du projet.

Ces nouvelles installations entraînent une amélioration significative des conditions de travail des membres du personnel de ce point de passage, qui jouent un rôle crucial dans la prévention des activités criminelles et qui font face à des problèmes de sécurité en constante évolution.

Auparavant, les employés travaillaient dans des installations provisoires offrant peu ou pas de services pour le personnel et les voyageurs passant la frontière. 

En tant que police des frontières, nous essayons de nous améliorer, d’améliorer nos ressources humaines, notre technologie [et] notre gestion intégrée des frontières. En même temps, nous devons également améliorer notre espace de travail et nos infrastructures, qui sont essentiels à la qualité de notre travail. »

Mentor Shabani - directeur régional du service de police des frontières du nord du Kosovo

Le deuxième nouveau point de passage se trouve à Mutivodë, à 30 kilomètres au nord-est de Pristina, à côté du district serbe de Jablanica. Contrairement à Merdarë, les installations de Mutivodë sont conçues spécialement pour les voyages non commerciaux. L’objectif de ces nouveaux points de passage est de réduire rapidement les temps d’attente grâce à la coopération entre les juridictions.

L’objectif principal de la gestion intégrée des frontières est de faciliter la circulation […] des personnes et des biens, mais également de lutter contre la criminalité et les migrations irrégulières. »

Dritero Jashari - responsable adjoint du projet de gestion intégrée des frontières au Kosovo

Encourager le dialogue

Encourager le dialogue

L’ouverture des nouveaux points de passage de Merdarë et Mutivodë est l’un des résultats concrets du dialogue facilité en 2011 par l’Union européenne afin d’améliorer les relations entre les autorités de Pristina et de Belgrade. En effet, des conflits avaient émergé après que le Kosovo ait déclaré son indépendance de la Serbie en 2008. La gestion intégrée des frontières était au cœur des préoccupations qui ont contribué à maintenir le dialogue. 

« La gestion intégrée des frontières a ramené [les deux parties] à la table des négociations », déclare Alan Wilson, qui a supervisé une partie du dialogue et conseille désormais une équipe de spécialistes de la mission « État de droit » sur des sujets liés à la gestion intégrée des frontières et à la sécurité des frontières au Kosovo. « Ils ont entamé de nouvelles discussions et cela fut une grande réussite. »

Le 23 février 2012, le Kosovo et la Serbie ont signé un protocole technique sur la gestion intégrée des frontières. Dans le cadre de cet accord, les deux parties se sont engagées à construire six nouveaux points de passage provisoires : trois gérés par la Serbie, et trois par le Kosovo. 

Un an après la signature du protocole technique, ces six points de passage provisoires étaient opérationnels, et la construction des structures permanentes qui faciliteraient davantage la circulation des personnes et le travail des agents pouvait commencer.

Découverte d'un cimetière

Au cours des premiers mois de construction, un cimetière datant du début du 20e siècle a été découvert. L’équipe de projet de l’UNOPS a pris soin de contacter les familles des défunts pour déplacer le cimetière vers un autre endroit plus adapté à proximité. Après un travail d’exhumation réalisé avec soin, l’UNOPS a achevé les travaux du point de passage à une distance respectueuse du nouvel emplacement du cimetière. Le chemin reliant la route principale au cimetière a également été amélioré afin que les familles puissent continuer de visiter la tombe de leurs êtres chers disparus.

Fonction et conception

Fonction et conception

En tant que partenaire de l’Union européenne pour la mise en œuvre du projet de gestion intégrée des frontières au Kosovo, l’UNOPS était responsable des activités de conception, de construction, d’achat et de gestion financière. De par son statut d’agence impartiale des Nations Unies, l’UNOPS a également joué un rôle crucial dans l’avancée des discussions au cours du processus de consultation entre Belgrade et Pristina. 

La conception des nouveaux points de passage visait à créer un lieu unique rassemblant deux bâtiments administratifs identiques et deux groupes d’autorités frontalières, afin que les deux juridictions puissent coopérer. 

La collaboration étroite de l’équipe de projet avec les parties prenantes a permis de relever des défis majeurs, certains imprévus comme la découverte d’un cimetière centenaire durant les travaux d’excavation sur le chantier de Mutivodë.

Les plans visaient notamment à améliorer l’efficacité des installations. « Avoir un joli point de passage est une chose, mais si une personne doit attendre en le fixant pendant six heures parce qu’il n’est pas fonctionnel, sa beauté lui importera peu », indique Alan Wilson. 

Afin d’augmenter les capacités de chaque point de passage, davantage de voies de circulation ont été construites. Mutivodë est passé d’une à deux voies dans chaque sens de la circulation, et Merdarë d’une voie unique à cinq voies dans chaque direction (dont deux voies réservées aux camions commerciaux et une voie aux bus).

L’UNOPS a également été en mesure d’utiliser les économies réalisées sur le budget du projet pour fournir de nouveaux équipements aux bâtiments administratifs. Cela a permis au personnel des deux points de passage d’améliorer leurs services et de faciliter les procédures pour les voyageurs. 

En outre, une grande importance a été accordée à la durabilité, à la résilience et à la protection de l’environnement dans la conception des points de passage. Le toit a été conçu pour résister à des vents puissants, bien plus forts que ceux qui soufflent généralement dans la région. Des mesures pour économiser l’eau ont été adoptées au cours des travaux de construction. Les déchets de bois ont été recyclés et transformés, ou vendus localement comme bois de chauffage. Enfin, les gravats et autres déchets de béton ont été utilisés pour le remblayage.

[Ici,] nous devons gérer la circulation. Nous faisons face à un flot continu de personnes, de camions et de bus. Cela ne va pas sans son lot de conséquences. C’est pourquoi nous devons réfléchir à des moyens de rendre les structures durables et ne pas les endommager trop rapidement. C’est extrêmement important. »

Alan Wilson - principal conseiller de la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo
Système durable d’évacuation des eaux

Les voies d’accès des points de passage ont été conçues de façon à réduire les émissions des voitures à l’arrêt. Le point de passage de Merdarë dispose aussi d’un système durable d’évacuation des eaux, qui utilise du gravier et les propriétés naturelles de filtration de la terre pour éliminer l’huile et les autres produits pouvant s’écouler des voitures à l’arrêt. Après filtration, les eaux rejoignent un bassin versant spécialement conçu à cet effet, qui contient des végétaux et où l’eau filtrée est si propre que la faune s’y est déjà installée.

Depuis le commencement des travaux de construction début 2017, de précieuses possibilités d’emploi ont été créées localement pour les femmes et les hommes, dans divers domaines. Les deux chantiers ont créé un total de 260 000 heures de travail, générant d’importantes retombées économiques pour les communautés. De nombreux entrepreneurs locaux embauchés dans le cadre du projet ont depuis utilisé les connaissances, les techniques et les compétences apprises sur les chantiers (notamment en matière de santé et sécurité au travail et d’égalité entre les genres) dans le cadre de nouveaux projets dans la région. 

« Au Kosovo, les entrepreneurs ne comprennent pas toujours l’importance capitale de la sécurité au travail », souligne Luigi Brusa, responsable de la coopération pour le bureau de l’Union européenne au Kosovo. « [Ce projet] montre comment mettre en œuvre des projets d’infrastructures en respectant les règles, sans engendrer de dépenses supplémentaires et en assurant la sécurité des travailleurs. »

Bien que les travaux n’ont été terminés que récemment, les effets du projet se font déjà ressentir. « Auparavant, les conditions de travail étaient difficiles. Elles étaient mauvaises », souligne Kada Syleljmani Statovci, qui a intégré la police des frontières du Kosovo en 2002, à propos des précédentes structures provisoires. « Désormais, les choses se sont améliorées. Les procédures sont plus simples. Les foules et les longues files de voitures se font plus rares, car la procédure est plus rapide. » 

Crossing points: connecting people in the Western Balkans through quality infrastructure

Ce qui importe, ce sont les retombées positives immédiates que les nouvelles installations ont sur les voyageurs traversant les points de passage. Originaires du Kosovo, Xhafer Behrami et sa femme Mrije Dedivanaj vivent en Allemagne, mais ils reviennent chaque année rendre visite à leurs proches. Cette année, le voyage s’est révélé bien différent des années précédentes.

« J’ai pu traverser [la frontière] sans aucun problème », explique Xhafer Behrami. « Comparé à ce que c’était auparavant, c’est le jour et la nuit, comme on dit chez nous. Maintenant, c’est cent fois mieux. »

Avant, la procédure prenait parfois des heures. Maintenant, grâce à nos nouvelles installations, les personnes peuvent se rendre au Kosovo et en sortir plus facilement. Grâce à nos nouveaux bureaux et équipements, mes collègues et moi-même pouvons mieux faire notre travail. »

Muhamet Beqiri - membre de la police du Kosovo travaillant à Merdarë

Informations sur le projet

Le projet de gestion intégrée des frontières au Kosovo est une initiative d’une valeur de 11 millions d’euros financée par l’Union européenne et mise en œuvre par l’UNOPS. Le projet vise à stimuler le développement économique, à améliorer la coopération et à renforcer l’état de droit dans la région. 

Ce projet prévoit la construction de trois points de passage entre la Serbie et le Kosovo, à Merdarë, à Mutivodë et à Bërnjak, dans le nord du Kosovo, afin de faciliter le libre-échange et la circulation des biens et des personnes. Les installations de Merdarë et Mutivodë viennent d’être achevées, et à Bërnjak, le point de passage est au stade de l’approbation des plans. 

Les trois points de passage emploieront près de 200 personnes, qui aideront plus de 1,5 million de personnes par an, soit en moyenne plus de 4000 personnes par jour, à circuler entre le Kosovo et la Serbie en toute sécurité.


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