The United Nations Office for Project Services (UNOPS)
Connecter les communautés et encourager l’égalité entre les genres en Gambie
La Gambie est un petit État fragile d’Afrique de l’Ouest qui doit affronter des défis tels qu’une pauvreté grandissante, l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Au cours des dix dernières années, d’importantes crises liées au climat, notamment des sécheresses et des inondations, ainsi que des épidémies comme celle du virus Ebola ont accentué la vulnérabilité de sa population de 2,1 millions des personnes.
Dans les régions rurales et isolées, les routes qui relient les communautés aux grands axes du pays sont vitales afin d’assurer l’accès des personnes vulnérables à des possibilités économiques et des services essentiels, notamment à l’éducation, aux marchés et aux soins de santé. Toutefois, un peu partout dans le pays, un grand nombre de ces routes de desserte sont en très mauvais état et presque inaccessibles, voire parfois inexistantes. Cette situation pose un important défi pour les femmes, les hommes et les enfants devant se rendre à l’extérieur de leur communauté pour gagner un revenu, obtenir des soins de santé, acheter de la nourriture ou encore étudier.
Les défis de la Gambie
Le pays s’étend sur 450 kilomètres le long du fleuve Gambie, et la presque totalité de sa frontière est partagée avec le Sénégal, à l’exception d’une petite bande de terre qui fait face à l’océan Atlantique. Près de la moitié de sa population vit dans la pauvreté, et l’indice d’inégalité entre les genres continue à y être l’un des plus élevés au monde.
La Gambie produit à peine la moitié de la nourriture nécessaire pour alimenter sa population, et doit importer l’autre moitié. Le secteur de l’agriculture, qui repose principalement sur des exploitations familiales en régions rurales, est vulnérable aux crises liées au climat et est durement touché par les précipitations irrégulières. En plus de subir les conséquences d’une faible production alimentaire, le transport sécuritaire et rapide des aliments pose également des défis.
« Nous souffrons beaucoup quand nous avons des biens à vendre. Nous recueillons les produits dans le jardin avec une charrette tirée par un âne […] Puis nous rapportons les produits à la maison où une voiture vient les collecter », explique Tunko Jadama, du village d’Alkali Kunda, dans la région de North Bank.
Les conducteurs ont de la difficulté à venir au village pour nous aider à transporter nos produits au marché […] Avant, ces biens restaient au village sans être vendus en raison du mauvais état de la route. »
L’accès à des services de base tels que les soins de santé et l’éducation peut également être un grand défi, quelque chose que Binta Ceesay ne connaît que trop bien.
« Il peut être difficile de trouver un moyen de transport pour amener une personne malade à l’hôpital […] J’ai été emmenée à l’hôpital une fois pendant une grossesse. Ils ont attaché un âne à une charrette et j’ai été transportée à l’hôpital pendant la nuit. J’ai presque donné naissance dans la charrette. Si ça avait été une voiture, ça ne serait pas arrivé ainsi. Tout ça était dû au mauvais état de la route. Les mouvements de la charrette m’ont causé des problèmes et ont rendu l’accouchement difficile », se souvient-elle.
Le saviez-vous ?
- Avec une moyenne de 176 personnes par kilomètre carré, la Gambie est l’un des pays les plus densément peuplés d’Afrique.
Pas qu’une simple route
Les routes constituent le moyen principal pour acheminer de la nourriture et d’autres ressources essentielles vers les communautés vulnérables de la Gambie, et il s’agit également d’un moyen d’accéder à d’importants services comme les soins de santé, l’éducation et les marchés. Cependant, malgré un réseau de voies à grande capacité qui relie la capitale Banjul, sur la côte ouest de l’Afrique, aux régions les plus à l’est, de nombreuses communautés rurales ont du mal à accéder au réseau à cause de routes de desserte en mauvais état ou de l’absence de routes d’accès.
Pour améliorer la sécurité alimentaire et faire progresser le développement économique et social de la Gambie, il est crucial de renforcer le réseau de petites routes de desserte, car ces routes contribuent à créer des possibilités d’emploi, y compris pour les femmes et les jeunes, ainsi qu’à augmenter le revenu des foyers et à combattre la pauvreté au sein des communautés vulnérables des régions rurales de la Gambie.
Créer des possibilités pour les femmes
Plus de 200 femmes des communautés locales ont travaillé sur les chantiers de construction d’un projet visant à améliorer ces routes d’accès, les équipes de construction à haute intensité de main-d’œuvre comptant plus de 60 pour cent de femmes. Il s’agit d’une avancée sans précédent qui favorise l’autonomisation des femmes et leur participation dans le sous-secteur des infrastructures rurales, et qui contribue à réduire les inégalités en Gambie.
« Auparavant, les femmes ne travaillaient pas sur les chantiers de construction de routes, mais l’UNOPS nous a montré que c’était possible », déclare Isatou Touray, vice-présidente de la Gambie.
Fatou Sanneh, une résidente du village d’Alkali Kunda, dans la région de North Bank, affirme avoir été surprise que les femmes aient la possibilité de travailler sur ce projet.
« Dans ma communauté, nous pensions que seuls les hommes pouvaient participer aux travaux de construction », explique-t-elle.
Le saviez-vous ?
- Les femmes jouent un rôle important dans le projet. Les équipes de construction de routes comptent plus de 60 pour cent de femmes.
Je souhaite continuer de travailler dans ce domaine, et peut-être qu’un jour je deviendrai superviseure ou ingénieure de routes. »
Améliorer la sécurité et l’accès aux services
Aujourd’hui, grâce à la construction ou la réhabilitation de plus de 100 kilomètres de routes de desserte reliant des villages aux routes principales, les communautés de régions isolées ont le sentiment d’être mieux connectées aux grandes villes de la Gambie.
« Les personnes malades ne meurent plus sur le chemin de la clinique. Les femmes n’ont plus à accoucher sur la route […] Et les élèves n’ont plus de difficultés à se rendre à l’école », souligne Binta Ndow.
« Si la route est construite, ce sera bien pour tout le monde. Et si je vais à l’école, je pourrai arriver à l’heure », précise Gorgi Jallow, âgé de 14 ans.
Les travaux créent un sentiment d’espoir, l’espoir de meilleures conditions de vie à l’avenir.
« Maintenant, les affaires vont bien aller lorsque nous récoltons nos produits. Nous pouvons les transporter jusqu’à Farafenni [la ville la plus proche], parce qu’il y a une route. Des commerçants peuvent aussi venir acheter nos produits, parce que maintenant nous avons une route en bon état », affirme Kaddy Marong, une ouvrière employée dans le cadre du projet.
« Maintenant si nous cultivons nos jardins, nous pouvons vendre nos produits à un bon prix », ajoute-t-elle.
Les détails du projet
Depuis 2017, l’UNOPS travaille avec le gouvernement de la Gambie pour améliorer le réseau de routes d’accès du pays.
Dans le cadre de ce projet financé par l’Union européenne à hauteur de 10,3 millions d’euros, l’UNOPS a également mis en place un mécanisme pilote de dépôt de plaintes en collaboration avec le ministère des Femmes, des Enfants et de la Protection sociale, afin de protéger le personnel de chantier contre l’exploitation et les sévices sexuels. Ce mécanisme facilitera en outre la résolution des problèmes de rémunération de la main-d’œuvre ainsi que des conflits fonciers au cours de la phase de mise en œuvre du projet. À l’avenir, ce mécanisme devrait être adopté par le gouvernement et sa portée élargie afin d’en faire une mesure de protection sociale dans le domaine des infrastructures.
Le projet soutient également l’Autorité nationale des routes de la Gambie dans la gestion efficace et l’entretien du réseau routier du pays. Par exemple, l’UNOPS contribue à l’amélioration de la durabilité des routes réhabilitées, à l’élaboration d’une carte exhaustive du réseau routier afin de faciliter la planification, ainsi qu’à la mise en place de mesures de contrôle des charges à l’essieu dans le but de réduire les dégâts causés par les véhicules lourds.
Les travaux de construction se déroulent dans les régions gambiennes d’Upper River, de North Bank et de Central River, et se concentrent sur la durabilité et le renforcement des capacités locales.
Le projet de réhabilitation des routes rurales respecte les exigences de gestion environnementale de l’Agence nationale pour l’environnement, afin d’éviter ou de limiter l’érosion des sols, la poussière, le bruit et la dégradation des ressources en eau. L’UNOPS applique également des normes internationales de santé et sécurité à toutes les étapes du projet, notamment par l’entremise de formations et en s’assurant que les membres du personnel portent en tout temps un équipement de sécurité adapté.