The United Nations Office for Project Services (UNOPS)
L’agriculture, moteur du développement au Niger
Le soutien aux agriculteurs et aux agricultrices du Niger améliore la sécurité alimentaire, stimule les économies locales et renforce la résilience des communautés.
Le Niger possède le taux de natalité le plus élevé au monde, et répondre aux besoins alimentaires de cette population en croissance rapide représente un défi de taille en raison de sécheresses fréquentes aggravées par les changements climatiques, d’un manque de terres arables et d’un accès limité à l’eau.
Environ 80 pour cent du territoire de ce pays sans littoral se trouve dans le désert du Sahara. La majorité des 23 millions de Nigériennes et Nigériens vit ainsi dans les régions du sud et de l’ouest propices à l’agriculture. L’économie et la population du Niger sont fortement dépendantes des activités agricoles, notamment de l'élevage et de cultures de subsistance comme celles du maïs et du sorgho. Le réchauffement climatique accentue les difficultés que rencontre le pays, faisant peser une menace permanente sur la sécurité alimentaire, le développement durable et la croissance économique.
Le saviez-vous ?
- L’agriculture représente près de 40 pour cent du produit intérieur brut du Niger, et plus de 80 pour cent de la population vit en milieu rural. Selon les estimations, une personne sur cinq ne parviendrait pas à satisfaire ses besoins alimentaires.
« Les changements climatiques sont une menace majeure pour les communautés du Niger, où les moyens de subsistance de plus de 80 pour cent de la population dépendent de l’agriculture. Comme nous le savons, les températures au Sahel augmentent 1,5 fois plus vite que dans le reste du monde, ce qui aggrave des conditions climatiques déjà difficiles et accentue ainsi la pression sur les communautés agricoles et les ressources », souligne Abdalah Adamou Maiguizo, directeur du Projet de communautés résilientes au changement climatique du Millennium Challenge Account du Niger.
Afin d’améliorer la sécurité alimentaire de cette population en pleine croissance et de répondre aux défis liés aux changements climatiques, l’UNOPS soutient le Millennium Challenge Account du Niger dans la mise en œuvre d’un ambitieux programme, financé par la Millennium Challenge Corporation, visant à aider le Niger à exploiter son potentiel agricole, à stimuler le développement économique et à adopter une approche plus durable de la gestion des ressources naturelles.
L’objectif global de ce programme est d’améliorer la résilience des communautés.
Améliorer l'accès à l'eau
Améliorer les infrastructures d’adduction d’eau
Au Niger, la saison des pluies s’étend de juin à septembre, soit seulement trois mois. L’accès à l’eau est donc un défi majeur pour les communautés agricoles, qui doivent trouver d’autres façons d’irriguer leurs terres durant le reste de l’année.
Dans le département de Birni N’Konni, situé dans la région de Tahoua près de la frontière avec le Nigeria, un système d’irrigation alimente les terres agricoles en eau depuis plus de 40 ans. Il fut un temps où ce système irriguait 3000 hectares dans cette zone, mais au fil des ans l’état du système s’est dégradé et des fuites sont apparues, réduisant la capacité d’irrigation de façon significative. De ce fait, les rendements des cultures ont diminué et les agriculteurs et agricultrices ont dû chercher d’autres moyens d’irriguer leurs terres, par exemple en creusant des puits, même si ces derniers sont vulnérables aux inondations et insuffisants pour irriguer de grandes superficies.
La réparation et le développement des infrastructures d’irrigation peuvent augmenter la production d’agricultrices et d’agriculteurs comme Hamza Saidou, et ainsi stimuler les économies locales et améliorer la sécurité alimentaire.
Les semences que je cultive nécessitent beaucoup d’eau, je dois donc aussi utiliser l’eau du puits. Mais grâce au projet de réhabilitation, je pourrais même planter plus de semences de moringa. »
Afin d’améliorer l’approvisionnement en eau des exploitations agricoles du département de Birni N’Konni, deux barrages seront réhabilités et le système d’irrigation actuel sera réparé et développé pour pouvoir alimenter jusqu’à 5000 hectares.
Accéder aux marchés
Accéder aux marchés
L’amélioration de l’adduction d’eau n’est qu’une partie de la solution aux différents défis que doivent relever ces communautés. Bien souvent, les exploitations agricoles ont également de la difficulté à vendre leur récolte.
« Notre souci actuel, c’est que les oignons sont prêts pour la récolte, et cela fait une semaine que je cherche un acheteur, mais rien. À chaque récolte, c’est la même chose », affirme Hamza.
Afin d’améliorer l’accès aux marchés, un réseau réunissant des entreprises privées et des agriculteurs et agricultrices sera créé dans le but de renforcer la compétitivité et de créer davantage de possibilités d’affaires.
Dans le cadre de ce programme, le gouvernement prévoit également d’ouvrir son marché agricole aux pays voisins afin de faciliter les échanges transfrontaliers. Du fait de la proximité de la frontière du Nigeria, les communautés agricoles de Birni N’Konni bénéficieront tout particulièrement de cette mesure.
Soutenir les femmes agricultrices
Soutenir les femmes agricultrices
Dans la région voisine de Maradi, les femmes jouent traditionnellement un rôle central dans les activités agricoles et la production alimentaire à l’échelle locale. Par ailleurs, les femmes représentent 70 pour cent de la main-d’œuvre agricole du pays. Pourtant, le rendement des exploitations détenues par des femmes tend à être sensiblement inférieur à celui des exploitations détenues par des hommes.
Comme dans le reste du pays, des inégalités systémiques entre les hommes et les femmes sont omniprésentes dans le secteur agricole de la région de Maradi. En effet, les agricultrices rencontrent davantage de difficultés pour accéder aux technologies agricoles, aux services financiers ainsi qu’à la propriété foncière.
Il est indispensable de surmonter ces défis pour renforcer l’autonomisation des femmes, augmenter la production alimentaire et améliorer la résilience des communautés.
Meri Mahaman dirige un syndicat d’agricultrices dans le village d’El Kolta, où les pénuries alimentaires obligent souvent la population à se rendre dans les villes voisines pour se procurer des biens essentiels. Tout le temps passé sur la route pour aller acheter de la nourriture est du temps qui pourrait être consacré au développement de la production agricole locale. « Si les gens d’ici cessent d’acheter des vivres ailleurs, l’économie du village sera gagnante, et la nourriture sera abondante », explique Meri.
Afin de développer la production agricole dans la région de Maradi, des agricultrices comme Meri bénéficient de subventions et de crédits exclusifs pour développer leurs activités et augmenter leur capacité de production. De manière générale, ces subventions financent l’achat de bétail et la construction d’infrastructures telles que des installations et des équipements de stockage.
Si toutes les femmes de cette ville trouvaient un travail ou avaient suffisamment d’argent […] elles ne souffriraient plus. Elles rayonneraient. »
Préserver la santé des animaux
Préserver la santé des animaux
La sécurité alimentaire au Niger est également menacée par le manque de pâturages. Le manque de terres ne concerne pas que les cultures, puisque les aires de pâturage pour l’élevage de bétail diminuent année après année.
« Vous savez, avant, peu de gens habitaient ici. Mais maintenant, il y a trop de monde. Donc, le peu d’espace disponible pour les cultures et les pâturages est maintenant complètement exploité », explique Harouna Garba, éleveur depuis 15 ans.
Ne sachant où faire paître leurs troupeaux, les éleveurs et les éleveuses doivent souvent acheter des aliments pour nourrir leurs animaux, une dépense supplémentaire que de nombreuses familles ne peuvent tout simplement pas se permettre.
Le saviez-vous ?
- Un couloir de transhumance est une aire délimitée visant à donner aux troupeaux d’élevage accès à des pâturages. Le fait de consacrer ces terres à l’élevage permet d’assurer la disponibilité de nourriture pour les troupeaux et d’éviter les pertes au sein des cultures, réduisant ainsi les risques de conflits entre les personnes pratiquant l’élevage et celles pratiquant l’agriculture.
Des fois, nous devons nous sacrifier et nous priver de nourriture pour pouvoir acheter à manger pour les vaches, parce que l’argent manque et qu’il n’y a pas assez de pâturages. »
Dans la région de Maradi, la délimitation d’un couloir de transhumance de 180 kilomètres a pour but de compenser en partie le manque de pâturages par la création de terres réservées à l’alimentation du bétail. De nouvelles infrastructures permettront de garantir la disponibilité d’eau potable tout au long de ce corridor.
Par ailleurs, un programme de vaccination à grande échelle aide à prévenir plusieurs maladies mortelles et améliore la santé du bétail.
Avant les vaccinations, ils [les animaux d’élevage] n’étaient pas en forme. Avant de commencer les vaccinations, nous avions beaucoup de problèmes à cause d’une maladie qui attaquait nos bêtes. »
À propos du programme
Ce programme est mis en œuvre par le Millennium Challenge Account du Niger, une entité créée spécialement par le gouvernement nigérien dans le but de gérer un financement de 437 millions de dollars de la Millennium Challenge Corporation.
Le programme de cinq ans, auquel l’UNOPS apporte un soutien technique et administratif, comporte deux projets ayant pour objectif de réduire la pauvreté et de stimuler la croissance économique dans les régions de Dosso, Maradi, Tahoua et Tillabéri, au bénéfice de quatre millions de personnes.
Le projet « Irrigation et accès aux marchés » vise à réhabiliter et à construire des systèmes d’irrigation dans le but d’augmenter la capacité d’irrigation à 5000 hectares de terres.
Il permettra en outre de réhabiliter plus de 300 kilomètres de routes, tandis que des réformes sectorielles amélioreront la gestion des terres et des ressources naturelles, l’entretien des routes et l’accès à des engrais de qualité à des prix abordables. Des formations en agriculture contribueront au transfert de connaissances en matière de commercialisation et d’entretien des infrastructures d’irrigation.
Le projet « Communautés résilientes au changement climatique », quant à lui, compte bénéficier à 3,4 millions de personnes en soutenant les activités d'élevage par l’entremise d’un meilleur contrôle de la santé animale, de l’amélioration des infrastructures d’adduction d’eau et de la délimitation d’aires de pâturage au sein de couloirs de transhumance, ainsi que de la modernisation des infrastructures des marchés à bétail.
Ce projet a également pour but de promouvoir une agriculture résistante aux changements climatiques en octroyant des subventions et en dispensant des formations à plus de 300 000 familles.