The United Nations Office for Project Services (UNOPS)
La vie au bord de l’eau : s’adapter aux effets des changements climatiques
Le petit État insulaire en développement de Saint-Vincent-et-les Grenadines, dans la mer des Caraïbes, est connu pour ses magnifiques plages de sable et ses îles paradisiaques. Cependant, pour sa centaine de milliers d’habitants, vivre dans l’un des plus beaux endroits du monde a un prix.
L’imprévisibilité croissante des conditions météorologiques ainsi que les ouragans de catégorie 5 qui ont touché l’archipel en 2017 ont fait des changements climatiques l’une des principales préoccupations des habitants.
Construire des infrastructures conçues pour résister à des phénomènes météorologiques de plus en plus imprédictibles et extrêmes est essentiel afin d’améliorer la résilience du pays et de protéger les moyens de subsistance de la population.
La tempête
La tempête
En 2013, à la veille de Noël, les fortes pluies causées par une tempête tropicale ont entraîné de graves inondations sur l’île principale de Saint-Vincent-et-les Grenadines.
L’intempérie s’est si vite aggravée ce soir-là que les autorités n’ont pas pu alerter à temps la population des inondations à venir. Durant la nuit, bien qu’il ne pleuve généralement pas en décembre, les précipitations ont atteint plus de 300 mm en seulement trois heures. Les crues ont été si importantes qu’un grand nombre d’habitants ont dû évacuer leur maison.
« Spring Village est un petit village du nord de Saint-Vincent, dans la région que nous appelons Leeward Nord. Il est entouré de montagnes et de rochers. C’est une petite communauté. Il y a une école, un poste de police et un centre communautaire. Il y a aussi un terrain de jeu où les enfants peuvent se promener et s’amuser. Je me souviens encore y jouer étant enfant. »
Ce qui aurait dû être un soir de fête s’est vite transformé en cauchemar pour bien des résidents. Cailan, une habitante de Spring Village, regardait la télévision avec sa famille lorsque la tempête s’est levée.
« Ce soir-là, nous regardions un dessin animé de Noël à la télévision. Je ne me souviens pas de ce que c’était. J’ai entendu la pluie tomber, et la rivière semblait être un énorme monstre envahissant notre jardin. J’avais très peur. L’eau déferlait derrière notre maison. » Partager sur Twitter
Comme beaucoup de résidents du village, Sonia et sa famille se préparaient à célébrer Noël lorsque la tempête s’est abattue.
« Le village était plongé dans l’obscurité parce que la foudre avait entraîné une coupure d’électricité. La seule lumière provenait des éclairs. Mon mari est allé à la fenêtre de la cuisine et lorsqu’il a allumé sa lampe torche, je me souviens qu’il a crié : “Sonia, sors de la maison tout de suite ! Cours, cours, cours !” »
Dans l’ensemble de l’île, la tempête a causé la mort de neuf personnes et entraîné des dégâts estimés à plus de 100 millions de dollars, soit 15 pour cent du produit intérieur brut du pays. Plus de quatre ans plus tard, les travaux de reconstruction sont toujours en cours dans de nombreuses communautés.
« Construire des infrastructures résilientes est essentiel pour faire face aux changements climatiques. »
- Victor Fortanete, responsable de projet à l’UNOPS
Reconstruire des ponts
Reconstruire des ponts
La tempête a gravement endommagé le pont de Cumberland, qui relie de nombreuses communautés du nord de l’île à la capitale, située au sud. Bien que le pont soit resté praticable, une grande partie des habitants craignaient que de nouvelles intempéries ne suffisent à le détruire entièrement et les privent ainsi d’accès aux importants services disponibles dans la capitale, notamment l’unique hôpital de l’île. Il s’agit en outre du seul moyen pour de nombreuses communautés du nord de sortir de la région, notamment en cas d’évacuation d’urgence.
En plus d’être fortement exposée à la menace des changements climatiques, Saint-Vincent est une île volcanique. De nombreuses communautés vivent à proximité du volcan, dont la dernière éruption remonte à 1979.
Afin que les communautés du nord puissent continuer à circuler sur l’ensemble de l’île et à accéder à des services en toute sécurité, il était nécessaire de construire un nouveau pont capable de résister à des intempéries telles que les violentes tempêtes qui ont touché les Caraïbes ces dernières années. L’UNOPS a ainsi récemment terminé la reconstruction du pont de Cumberland, qui est désormais conçu pour résister à des ouragans de catégorie 5.
« L’île de Saint-Vincent et les Caraïbes en général sont de plus en plus souvent exposées à des catastrophes naturelles de plus en plus graves. Il est donc fondamental de construire des infrastructures pouvant résister à de tels phénomènes afin d’améliorer la résilience des États face aux changements climatiques », explique Victor Fortanete, responsable de projet à l’UNOPS. Partager sur Twitter
Il n’est toutefois pas aisé de construire des infrastructures sur l’île. Sa configuration géographique ainsi que le risque élevé de catastrophes naturelles rendent les travaux coûteux. En raison de l’emplacement éloigné du pont de Cumberland et du manque de routes, une grande partie des matériaux et des machines ont dû être acheminés par la mer.
« Nous devons trouver des façons de mieux nous préparer aux ouragans et aux crues soudaines. »
- Sonia, résidente de Spring Village
Protéger les logements
Protéger les logements
En plus de la reconstruction du pont, le projet prévoit la mise en place d’un système de protection contre les crues afin de protéger les logements de Spring Village situés sur les berges de la rivière. « Nous n’avons pas d’autre choix que de construire nos maisons dans les plaines inondables. Nous pouvons vivre soit sur les berges de la rivière, soit à flanc de montagne. Nous n’avons pas le choix de vivre près de la rivière », explique Sonia.
Comme de nombreux autres habitants de l’île, elle est convaincue que les changements climatiques posent des problèmes importants. « Lorsque nous entendons parler des changements climatiques, nous nous attendons à subir des tempêtes violentes de plus en plus souvent. L’île de Saint-Vincent a été touchée par de nombreux ouragans et des crues soudaines. Nous devons trouver des façons d’être mieux préparés. »
La maison de Sonia a été endommagée par les inondations survenues en 2013. « Il y avait de la boue partout. Des pierres, des débris, des déchets et des animaux morts. C’était horrible. C’est une expérience que je ne veux jamais revivre, et que je ne souhaite à personne. »
La vie au bord de l’eau : le récit de Sonia
Faire participer les communautés
Faire participer les communautés
L’une des principales composantes du projet était le recours à une main-d’œuvre locale. « Les travailleurs auxquels nous avons fait appel ont directement subi les conséquences de la tempête tropicale de 2013. Les membres de la communauté ont participé à chaque étape du projet », souligne Victor Fortanete.
Le projet de reconstruction a également compris une initiative de renforcement des capacités institutionnelles du pays en matière de construction d’infrastructures résistantes aux changements climatiques. « Nous avons organisé des ateliers pour des ingénieurs du ministère des Transports ainsi que des formations sur les achats », affirme Victor Fortanete.
Les détails du projet
Les détails du projet
Le projet est financé par le gouvernement du Mexique et mis en œuvre par l’UNOPS. Il comprend quatre volets :
- La reconstruction d’un pont principal et de trois ponts secondaires
- La mise en place d’un système de protection contre les crues
- La réparation de 1,5 kilomètre de routes
- Le renforcement des capacités institutionnelles