The United Nations Office for Project Services (UNOPS)
Dynamiser le développement durable grâce à de meilleures données
Les systèmes d’information géographique pourraient être l’ingrédient secret pour accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable.
Des défis modernes
Les dix dernières années ont révélé la fragilité et la vulnérabilité de nombreux systèmes de santé un peu partout dans le monde, ce que les difficultés pour faire face à la pandémie de la COVID-19 ont démontré hors de tout doute. Ces problèmes sont exacerbés par des phénomènes météorologiques, des perturbations économiques, des périodes d’instabilité sociale et des conflits de plus en plus graves et imprévisibles. Les facteurs de vulnérabilité ont tendance à être concentrés dans les pays les moins avancés, touchant davantage les personnes démunies dans les régions rurales comme dans les zones urbaines.
L’absence de services ou des inégalités dans leur prestation empêchent des communautés de satisfaire des besoins essentiels, notamment en matière de santé. Dans un même temps, cette situation empêche la communauté internationale de réaliser l’Objectif de développement durable no 3 (bonne santé et bien-être).
Il faut reconnaître ce problème pour ce qu’il est : un problème d’envergure mondiale.
Les systèmes d’information géographique permettent de relever, d’enregistrer et de présenter des données spatiales. Ces systèmes peuvent cartographier toutes sortes de choses, par exemple des routes, des bâtiments et des réseaux de distribution d’électricité, mais également la végétation d’un lieu, des masses d’eau ou encore des informations concernant les comportements d’une communauté. Les avancées technologiques dans ce domaine au cours des dernières décennies offrent un moyen sophistiqué de présenter des données, notamment sous la forme de cartes.
Il ne suffit pas de bâtir des infrastructures de santé. Il faut que celles-ci tiennent compte des différents besoins des communautés desservies, et soient capables de résister aux chocs et perturbations pour des générations à venir, sans quoi elles ne seront que des solutions temporaires et un gaspillage de précieuses ressources destinées au développement. Essentiellement, nos actions doivent être motivées par des principes de durabilité, d’inclusion et de résilience.
Utiliser les informations géographiques pour stimuler le développement
Les outils géospatiaux sont importants pour concevoir et mettre en place des systèmes de santé durables à tous les niveaux. Les logiciels de cartographie fournissent des données qui permettent de répondre à des questions essentielles afin de prendre les bonnes décisions.
Les décès maternels sont-ils liés à la durée du trajet pour accéder à des soins ? La durée de ce trajet est-elle influencée par l’état des routes ?
Quels sont les segments de population les plus vulnérables face aux risques liés aux changements climatiques ? Où vivent ces personnes ?
Où l’accès aux services de santé est-il déficient ?
La représentation cartographique des données démographiques et des contextes permet d’éviter les suppositions et de limiter les erreurs de jugement.
Tirer parti des informations géographiques pour prendre des décisions
Les systèmes géospatiaux peuvent faciliter l’évaluation des besoins ainsi que l’égalité d’accès des groupes marginalisés aux soins de santé. Nous pouvons par exemple élaborer des outils qui tiennent compte de l’endroit où habitent les communautés concernées, mais également de leurs croyances et cultures locales, afin de créer des programmes adaptés à leurs circonstances propres.
L’outil d’évaluation de l’indice d’accès rural, mis en place par la Banque mondiale en 2006, est très utile pour cartographier les besoins. Les données de l’indice d’accès rural peuvent faciliter la prise de décisions éclairées, afin de placer les infrastructures de santé à une courte distance de marche de la population desservie et d’en améliorer ainsi l’accessibilité et l’efficacité.
Des communautés pastorales comme les Maasaï, dispersées géographiquement en Afrique de l’Est, migrent de façon saisonnière avec leur bétail. Ces déplacements dépendent fortement des conditions climatiques, de la disponibilité des pâturages, de l’accès à l’eau et du droit d’accès aux terres. Les services de base, notamment en matière de santé maternelle, sont limités pour ces communautés.
Les systèmes d’information géographique utilisant l’imagerie satellitaire et d’autres données auxiliaires peuvent faciliter la compréhension des habitudes migratoires et du partage des terres ainsi qu’aider à localiser les ressources. Grâce à ces modèles, il est possible de fournir à ces communautés des programmes de soins de santé, y compris des campagnes de vaccination, en fonction de l’emplacement où elles se trouvent à un moment donné au cours de l’année. Il est également possible d’utiliser ces outils pour effectuer une surveillance sanitaire et pour cartographier les flambées de maladies au sein de ces communautés.
Les systèmes d’information géographique peuvent en outre servir à vérifier que les retombées sociales, économiques et environnementales du développement sont réellement durables. Enfin, ces systèmes peuvent aider à prévoir la disponibilité des ressources et à identifier des endroits adaptés afin de fournir des services mobiles à faible coût qui, surtout, seront accessibles à des communautés comme les Maasaï.
Un outil essentiel pour l’avenir
Le renforcement de la résilience requiert de prendre en compte les risques, menaces et dangers actuels et futurs, y compris ceux liés aux changements climatiques, dont la fréquence et l’intensité n’ont cessé d’augmenter au cours des dernières décennies. Il faut avoir une vision précise des conditions locales.
À cet effet, les systèmes d’information géographique peuvent faciliter la prise de décisions éclairées s’agissant des investissements dans des infrastructures sanitaires grâce à la mise en contexte. Par exemple, grâce à l’analyse des inondations, des cycles hydrologiques et de l’élévation du niveau de la mer, ces systèmes peuvent limiter les risques de lancer un chantier de construction à un endroit sujet à des inondations.
La plupart des Objectifs de développement durable reposent fondamentalement sur des considérations géospatiales. Les systèmes d’information géographique permettent de comprendre les relations complexes qui existent entre eux à différents moments dans le temps et dans différents endroits, et ainsi d’assurer le suivi de leur réalisation.
Aquilina Wawira Mwandiko et Dominic Njue Mugo
Aquilina Wawira Mwandiko est chargée des systèmes d’information géospatiale au sein de l’unité des services techniques du bureau multi-pays de l’UNOPS au Kenya. Elle possède un diplôme de premier cycle en technologies géo-informatiques et un diplôme de deuxième cycle en systèmes d’information géospatiale.
Dominic Njue Mugo est adjoint en systèmes d’information géospatiale au sein de l’unité des services techniques du bureau multi-pays de l’UNOPS au Kenya. Il possède un diplôme de premier cycle en géographie.