The United Nations Office for Project Services (UNOPS)

Réflexion

Repenser le paysage numérique pour améliorer la santé sexuelle et reproductive

Des défis interreliés peuvent empêcher les jeunes du Myanmar d’accéder à des informations sur la santé sexuelle et reproductive. De nouvelles avenues élargissent le champ des possibles.

Le manque d’accès à des infrastructures de santé dans les zones reculées et touchées par des conflits ainsi que l’absence d’éducation approfondie en matière de santé sexuelle dans les écoles posent des problèmes pour la jeunesse du Myanmar. Les projets de sensibilisation à la santé sexuelle et reproductive dans ces régions se heurtent souvent à la résistance des communautés ou à des restrictions de voyage. En outre, dans les communautés ethniques diverses du Myanmar, les normes socioculturelles ont tendance à stigmatiser les discussions sur la santé sexuelle et reproductive, ce qui complique l’accès des jeunes à des renseignements importants pour leur protection.

Privées d’informations, de nombreuses jeunes personnes se retrouvent vulnérables devant tout un éventail de situations à risque, comme des rapports sexuels non protégés, des grossesses non désirées, des avortements non sécurisés, la violence sexiste ainsi que l’exploitation et les atteintes sexuelles.

En quête de réponses, les jeunes du Myanmar se tournent de plus en plus vers des plateformes en ligne pour obtenir des informations essentielles en matière de santé, une pratique soutenue par des téléphones mobiles et des forfaits de données abordables. Les médias sociaux sont devenus des moyens populaires pour les organisations de partager du contenu lié à la santé, une tendance accélérée par la pandémie de la COVID-19. Cependant, la vaste gamme de contenus en ligne contient également une part de désinformation et de matériel inapproprié pour le jeune public.

Ce problème souligne le besoin urgent de plateformes numériques facilement accessibles qui fournissent des informations fiables sur la santé sexuelle et reproductive, adaptées aux besoins de la jeunesse.

Un exemple d’initiative réussie en la matière est Ma Shet Ne (ne soyez pas timide), un programme numérique lancé en 2019 par BBC Media Action et soutenu par le Fonds pour l’accès à la santé, géré par l’UNOPS. Ma Shet Ne utilise diverses plateformes sur les médias sociaux pour fournir une gamme complète d’informations en matière de santé sexuelle et reproductive, faciliter un dialogue ouvert et mettre les jeunes en contact avec des fournisseurs de soins de santé. 


Comprendre le paysage numérique 

Au Myanmar, Facebook demeure la plateforme de médias sociaux dominante, suivie par TikTok et YouTube. Cet aspect ainsi que le fait que la grande majorité des jeunes utilisent des téléphones portables pour accéder à Internet ont influencé la conception du programme. Un autre aspect crucial pris en compte est la nécessité de rendre ces outils numériques accessibles hors ligne, en particulier dans les contextes d’instabilité et de crise. 

Les connexions Internet à basse vitesse et les perturbations du réseau sont particulièrement répandues dans les régions reculées du Myanmar, où habitent souvent les personnes qui ont le plus besoin d’informations crédibles. Ma Shet Ne travaille à sensibiliser des personnes sans accès à Internet en imprimant des affiches et en distribuant des clés USB et des DVD contenant des informations sur la santé sexuelle et reproductive à des partenaires de mise en œuvre, qui affichent le contenu sur les téléviseurs dans les salles d’attente des cliniques. Le programme relie les personnes qui cherchent des informations en ligne à des services hors ligne en intégrant des annuaires de prestataires de services à ses plateformes de messagerie. 


Des espaces sûrs pour tous et toutes

La promesse d’anonymat de Ma Shet Ne est d’une grande importance lorsqu’il s’agit d’accéder à des informations sur des sujets traditionnellement tabous. Pour être véritablement inclusives, les solutions numériques de santé doivent offrir des fonctionnalités accessibles aux personnes handicapées et un contenu disponible dans différentes langues minoritaires.

Chaque mois, l’équipe de Ma Shet Ne produit un contenu spécial en matière de santé sexuelle et reproductive tenant compte des besoins spécifiques des personnes handicapées. Par exemple, du contenu est disponible en langue des signes afin de sensibiliser les personnes ayant des difficultés d’audition et de lecture. 


Une approche réactive et créative 

L’équipe de Ma Shet Ne surveille activement les commentaires et les messages directs reçus chaque mois, mène des sondages annuels pour recueillir les questions du public et identifier les lacunes en matière d’information, et adapte ensuite le contenu en conséquence. L’équipe du programme reçoit plus de 300 messages par mois et travaille en étroite collaboration avec des spécialistes possédant les formations et l’expertise nécessaires pour répondre à des questions spécifiques sur la santé sexuelle et reproductive.

En utilisant des supports multimédias tels que des vidéos, des graphiques et des jeux interactifs, Ma Shet Ne s’écarte des méthodes traditionnelles de diffusion de l’information au Myanmar. Le recours à des jeux portant sur des sujets liés à la santé rend l’apprentissage plus intéressant et aide les jeunes à s’identifier au contenu présenté.

Depuis ses débuts, le contenu diffusé dans le cadre du programme Ma Shet Ne a contribué à sensibiliser plus de trois millions de personnes, la plupart âgées de 18 à 34 ans.

Il est important de préciser que si nous nous sommes concentrés sur le programme Ma Shet Ne dans cet article, nous reconnaissons également les efforts d’autres partenaires du Fonds pour l’accès à la santé qui travaillent sans relâche sur des ressources numériques en faveur de la santé sexuelle et reproductive. Ensemble, ces initiatives ouvrent les portes d’un avenir numérique prometteur qui contribuera à surmonter les obstacles à l’éducation des jeunes du Myanmar à la santé sexuelle et reproductive, contribuant ainsi à leur bien-être. Elles montrent également comment il est possible de sensibiliser des communautés vulnérables à l’aide d’informations essentielles en matière de santé. 


À lire également